Alors qu’à Lisbonne je fais la loutre sur le sofa d’une auberge de jeunesse peu satisfaisante à mon goût (la connexion wifi est mon critère numéro 1 et là, j’ai envie de me taper la tête contre les murs),  je fais le point sur ces 4 derniers jours, tentant de remettre bout à bout, tant bien que mal, les souvenirs de cette épopée qui m’apparait déjà comme un vieux rêve éveillé. Oui, je suis rentrée hier, ça devrait être tout frais, je sais. Mais chers lecteurs, aussi bien que ça puisse ressembler à des vacances, les journées étaient longues et très intenses. Retour rapide et premières impressions.

L’Alentejo, en deux ou trois mots

L’Alentejo est la plus grande région du Portugal. Mais c’est aussi la moins peuplée, à cause de ses terres et de ses cultures : les vignobles, les chênes liège, les oliviers, les céréales… de quoi subsister toute l’année. L’été les températures sont très très chaudes, ce qui explique surement le fait que les gens qui vivent ici, ont la réputation d’être un peu lents, voire feignants. Alors que pas du tout, déjà, personne ne peut travailler dans les champs sous 40 °c  et ensuite, je pense qu’ils ont juste l’esprit plus tranquille qu’ailleurs, loin de l’effervescence des coins touristiques. D’ailleurs, ça se ressent là-bas, la vie semble tourner au ralenti et c’est un pur bonheur.

La capitale de cette magnifique région est Évora, mais je suis un peu triste d’y avoir passé seulement 2 heures, le temps de prendre un café, de photographier le Temple de Diane et d’admirer l’étonnante/étrange Capela Dos Ossos, entièrement recouverte d’ossements humains.

La région possède également 2 parcs naturels : la Serra de São Mamede et le parc de la vallée du Guadiana. Du coup le terrain est idéal pour la pratique des sports et loisirs en plein air, sauf que moi j’ai choisi le groupe où on se dépense en levant le coude. Je mentionne au passage la côté atlantique qui est encore sauvage et magnifique (paraît-il, attendez-moi j’arrive !). L’un des plus grand lac artificiel d’Europe est formé par le barrage d’Alqueva et disons qu’une balade en bateau pour digérer, c’est un moment détente qui ne se refuse pas !

En parlant de lever le coude, on fabrique en Alentejo, les meilleurs vins du Portugal ! Ils accompagnent parfaitement les plats traditionnels souvent très copieux. Autant dire qu’on est plein dans la gastronomie typique du Portugal, qu’on retrouve parfois en version revisitée et plus moderne.

Ici, il y a plein de petits villages qui semblent figés dans le temps. Il y a même des châteaux/village, où du moins d’anciens villages médiévaux encore habité. C’est le rêve pour la princesse qui sommeille à l’intérieur de moi ! J’ai adoré le château de Marvão et je suis tombée amoureuse de Monsaraz.

Il y a des petits coins de paradis cachés où il fait bon se reposer. La première Pousada du Portugal se trouve ici, et l’Herdade do Sobroso est mon nouveau paradis sur Terre.

Chevaliers de la table ronde, goûtons voir si le vin est bon !

« Goutons voir, oui-oui-oui, goutons voir, non-non-non, goutons voir, si le vin est bonnn ». Vous connaissez cette chanson ? C’est ma tante qui me l’a apprise quand j’étais petite, et c’est aussi cet hymne que j’ai eu en tête à chaque dégustation de vin. Et il faut dire qu’il a coulé à flot ce bon vieux copain !

Comme le voyage était axé spécifiquement sur les vins, il a fallu en déboucher des bouteilles. Rien qu’à écrire ces mots, j’ai une envie subite de me servir un verre. L’Alentejo m’aurait-il rendu alcoolique ? Humm, c’est ça, blâmons la région ! Il y a eu les degustations de vin, les vins à tous les repas et la visite de quelques producteurs de la région : Agueda Mayor, Jõao Ramos Portugal et la Quinta do Quetzal.

On pense souvent qu’une fois qu’on a visiter un producteur, on les a tous fait, puisque c’est toujours la même chose. A tort. Ces trois là sont très différents des les uns des autres, leur histoire respective d’une part et l’architecture des lieux, qu’il faut absolument que je vous présente. Leur point commun reste sans aucun doute la passion qu’il ont pour les bons vins, passion que nous partageons tous. Il faut absolument que je vous en parle dans de futurs articles.

 

Qu’on m’apporte un deuxième estomac, s’il vous plait !

Parce qu’un seul, ne suffit pas là-bas. Je sais bien que le cadre de mon voyage était particulier, qu’on était là pour découvrir la région en un temps record et que par conséquent tout le monde tenait à ce que l’on goûte à tout, mais je pense honnêtement que le contexte n’y était pas pour grand chose. En Alentejo, il y a de la bonne bouffe, voyage de presse ou pas. C’est marrant, notre accompagnateur Rúben – qui est soit dit en passant le directeur communication du tourisme de l’Alentejo – nous racontait que les journalistes se plaignaient souvent d’une chose à leur retour : la bouffe. Non pas au niveau qualité, mais au niveau quantité ! Si bien qu’il est sans cesse obligé de rappeler à nos hôtes que 3 couverts c’est bien, 4c’est trop, ou encore de leur demander de faire l’impasse sur tel ou tel produit qu’on a déjà mangé 12 fois. Vous imaginez la frustration des restaurateurs, portugais de surcroit ? Car ils sont comme ça les portugais, ils ont le coeur sur la main, et l’assiette aussi. Si un portugais sort de table sans s’en être mis plein la panse, gare à la réputation de l’établissement !

La Chapelle Evora

Pendant ma découverte de l’Alentejo, je suis passée par Evora, la capitale de la région. Ma visite fut très très courte (moins de 2 heures je pense) et du coup quelque peu frustrante. Le temps de prendre un coca, de voir le temple de Diane (qui franchement, n’est pas whaou whaou), de visiter la cathédrale et de descendre la rue commerçante, et il était presque l’heure de partir. Mais j’ai quitté les lieux en grande pompe, funèbres certes, mais en grandes pompes quand même. Bienvenue dans la Chapelle des Os !

 

Une chapelle recouverte d’ossements, en plein coeur d’Evora

La Chapelle des Os ou a Capela dos Ossos en portugais, est accolée à l’église São Francisco, située en plein centre d’Evora. Il faut d’abord passer par un cloître avant d’atteindre une grande salle recouverte d’azuléjos où officie la billetterie. Sur le couloir de droite, se trouve l’entrée de la chapelle. Et le ton est donné dès l’entrée avec, au dessus de la porte, l’inscription suivante « Nós ossos que aqui estamos pelos vossos esperamos ». Traduction : « Nous, les os qui sommes ici, vous attendons ». Hummm, miam, miam, c’est vendeur !

A première vue, on pourrait croire que c’est l’oeuvre artistique un peu délurée d’un magnat de la religion ou autre profane, mais non. La Capela dos Ossos a été construite au XVIème siècle par un moine franciscain, par pure nécessité. En effet à cette époque, les 42 cimetières que comptaient la région étaient plus que remplis et pour pouvoir accueillir de nouvelles personnes, il fallait exhumer les anciens cadavres pour faire un peu de place. Ce qui reste une procédure actuelle, avant de devoir agrandir les cimetières. A cette époque, la Contre-Réforme était en place et l’idée de la mort, beaucoup plus éloignée de celle que nous avons aujourd’hui. Avoir ses ossements exposés ainsi aux yeux de tous, mènerait à la contemplation et à l’accès au Divin.

Par ailleurs, ce n’est pas l’unique chapelle en son genre puisque vous pouvez trouver d’autre chapelles des os au Portugal, notamment à Campo Maior, Faro ou encore Lagos.

 

Une chapelle, 5000 squelettes

Notre chapelle de tas-d’os mesure 18,7 x 11 mètres et possède 3 petites ouvertures sur son mur de gauche, qui permettent de laisser passer un peu de lumière. Bien entendu, cette source de lumière seule ne suffisant pas, l’éclairage artificiel met en valeur chaque détail de la pièce. Ça joue beaucoup sur l’atmosphère ambiante des lieux.

Les murs et les colonnes de la salle sont entièrement recouverts d’ossements impeccablement rangés et coulés dans du ciment. On estime que 5000 squelettes reposent ici. 5000 ! Je ne sais pas si vous imaginez un peu ce qu’il se passe dans ma tête au moment où j’apprends l’information, mais j’ai la chair de poule. Je pense décor surréaliste de film d’horreur, sauf que je suis plantée au milieu de la scène et que c’est bien réel. Oui, le squelette pendu à des chaînes, c’est bien celui d’un enfant… Brrrr.

 

Et n’essayez même pas de lever les yeux au plafond dans l’espoir d’y trouver un peu de répit, c’est recouvert de peintures macabres avec en prime une petite phrase entrainante « Melior est dies mortis die nativitatis » . Traduction : Le jour de la mort vaut mieux que celui de la naissance. Ah bon ?!

Cependant, il faut admettre qu‘en dehors du caractère morbide de la chose, le travail est plutôt réussi. Il s’en dégage quand même quelque chose de majestueux. Loin d’une fosse commune, on y fait ici l’apologie de la vie après à la mort. Et qui aurait pu imaginer que des siècles après sa construction, la chapelle des os deviendrait l’un des lieux touristiques les plus visités de la ville ? Du coup, il y a des vitres de protection, puisqu’il semblerait que les touristes aimaient beaucoup repartir avec des dents en souvenir… Bon, maintenant ils se contentent de prendre des selfies paraît-il. Moui, bon, c’est un choix.

Catégories : EuropePortugal

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