Lorsqu’il a été décidé que nous partirions en Equateur, nous nous sommes un peu renseignés sur le pays et nous avons lu que ce dernier faisait partie des pays d’Amérique latine qui sont globalement sûrs. Nous ne nous sommes donc pas tracassés de l’endroit où ADRA nous enverrait et, lorsque la directrice d’ADRA Equateur nous a demandé de travailler sur Guayaquil, dont nous n’avions jamais entendu parler, nous n’avons émis aucune objection.
Ce n’est que bien des mois plus tard que nous avons réellement commencé à faire quelques recherches sur cette ville. Et là, horreur, nous découvrons qu’il s’agit d’une mégapole, cœur commercial du pays, sans aucun attrait touristique et surtout… considérée comme la ville la plus dangereuse d’Equateur. Tous les guides touristiques déconseillent le passage par Guayaquil, les touristes semblent la fuir comme la peste et ne s’y arrêtent qu’en coup de vent, le temps de partir aux Galápagos. Quant au site de la diplomatie française, il n’est pas plus rassurant en nommant tous les risques d’enlèvements et d’agressions auxquels nous nous exposons en nous y rendant. Bref, un véritable coupe-gorge semble-t-il. Cela nous fait froid dans le dos, à tel point que nous sommes à deux doigts d’annuler notre venue à Guayaquil…
C’est donc passablement tendus que nous débarquons dans la grande ville, prêts à déguerpir au moindre sentiment d’insécurité. Et les premiers signes ne sont pas pour nous rassurer : magasins reclus derrière des grillages qui ne s’ouvrent jamais (toute la transaction s’effectue au travers de ce grillage), gardes armés à l’entrée des supermarchés (et ce ne sont pas des armes légères…), habitants qui nous conseillent d’enlever notre montre et de ne prendre sur soi que le strict minimum…
Voici à présent presque 15 jours que nous sillonnons la cité lors de nos temps libres. Alors, qu’en est-il vraiment de Guayaquil ?
Cliché n°1 : Guayaquil est dangereuse.
VRAI ET FAUX
Bien entendu, Guayaquil est une grande ville et comme toutes les mégapoles, elle charrie avec elle son lot de pauvreté et de misère urbaine.
Des règles élémentaires de prudence s’imposent et il n’est pas conseillé d’étaler sa richesse, de se balader de nuit dans les quartiers Sud de la ville ou encore de monter dans la voiture d’un particulier qui se proposerait comme taxi. En même temps, ces conseils s’appliquent également à Bruxelles. Pourquoi faire à l’étranger ce que nous ne ferions pas chez nous ?
Cependant, nous avons été étonnés de constater que nous nous sentons en parfaite sécurité dans le centre et le Nord de la ville. D’après quelques habitants, les Guayaquileños sont très fiers et la mauvaise réputation dont pâtit leur ville a fait réagir les autorités locales qui ont mis pas mal d’éléments en place ces dernières années pour rétablir la sécurité dans toutes les zones touristiques. Et très franchement, cela semble plutôt réussi. Sur l’Avenida 9 de Octubre, le Malcón 2000, le Malecón El Salado, le quartier de Las Peñas ou celui d’Urdesa, vous rencontrerez des policiers à tous les coins de rue (sans compter ceux en civil et les nombreuses caméras). Les magasins et shopping centre possèdent des vigiles armés. Quant aux taxis officiels, ils sont ultra sécurisés avec caméra, GPS indiquant en permanence leur position aux forces de sécurité, bouton d’urgence pour le passager directement relié à la police et carte d’identité du conducteur affichée à l’arrière de son siège…
Bref, si le risque zéro n’existe évidemment pas, la sécurité dans les zones touristiques de la ville nous semble bien meilleure que dans beaucoup d’autres villes (y compris Bruxelles) pour autant que l’on respecte les règles élémentaires de prudence propre à toute mégapole. Ceci est un peu moins vrai dans les quartiers Sud (où nous logeons) mais rien qui ne justifie la paranoïa non plus (et il n’y a de toute façon pas grand chose à voir dans ces quartiers… il y a donc peu de chance que vous vous y baladiez en tant que touristes).
Cliché n°2 : Il n’y a rien à voir à Guayaquil.
FAUX
Nous vous le disions, la plupart des touristes ne font qu’une halte rapide à Guayaquil avant d’embarquer pour les Galápagos. Pourtant, la ville possède quelques beaux sites qui méritent amplement une visite. Parmi ce que nous avons déjà visité:
- Le malecón 2000 : vaste front de mer aménagé qui longe sur plus de 2,5 km le Río Guayas. Cette grande promenade est ponctuée de jardins tropicaux, de plaines de jeux pour enfants, d’un centre commercial, d’un cinéma, de restaurants… En allant vers le Nord, on profite également d’une jolie vue sur le quartier de Las Peñas.
- Le Parc Bolívar : le seul parc en plein centre ville que nous connaissons où de nombreux iguanes se promènent en liberté… Qui plus est, une cathédrale se dresse sur le côté ouest du parc, offrant ainsi une jolie vue.
- Le malecón El Salado : ici aussi, petits restaurants et cafés sympathiques, musique en live le soir et « fontaines dansantes ».
- Le magnifique quartier de Las Peñas : si de loin, son aspect peut faire penser aux bidonvilles de Rio de Janeiro, ne vous y trompez pas, il s’agit en fait du quartier historique de Guayaquil. Les maisons y sont peintes de couleurs vives, les rues pavées et bordées de petits restaurants familiaux. Surtout, le quartier est à flanc de colline. Une fois gravies les 444 marches qui mènent à son sommet, vous aurez droit à une vue spectaculaire sur tout Guayaquil. Le quartier a également du charme la nuit, avec les lumières de la ville qui scintillent en contrebas et le petit vent frais qui vient vous rafraichir.
Déjà dix jours que nous sillonnons la ville lors de nos temps libres et pourtant, nous n’avons pas encore vu tout ce qu’elle a à offrir. Plusieurs musées semblent intéressants et surtout, plusieurs excursions nous font de l’œil : le jardin botanique qui réunit plus de 700 plantes différentes dont 80 variétés d’orchidées et une balade en vélo sur l’île Santay, juste en face de Guayaquil. Bref, il y a de quoi faire !
Cliché n°3 : Les Sud Américains sont très festifs
VRAI
particulièrement à Guayaquil semble-t-il. La fête a lieu tous les soirs dans la rue au son de musiques endiablées (au point que nous devons dormir avec des bouchons d’oreilles…). Le dimanche soir, en particulier, les familles sont de sortie dans le centre et c’est l’effervescence.
Certaines rues sont bloquées pour jouer au football, on vend des pommes d’amour et du pop-corn, les petits restaurants locaux sont bondés et animés et les musiques rythmées s’entremêlent. Les Guayaquileños sont aussi très spontanés et n’hésitent pas à entamer la conversation avec nous dans la rue ou à nous proposer de les accompagner danser. D’après quelques habitants du quartier, ce côté festif est moins vrai dans les Andes où la population se fait plus discrète… à vérifier…
source : tourdumondeensolidaire.net
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